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7ème jour. Nous roulerons de nuit. 1024 kilomètres à 100 à l’heure de moyenne. A six dans la camionnette. La semaine qui vient de passer peut nous laisser croire que le skateboard est un mode de vie. Bruxelles-Marseille-Bruxelles, mars 2003. Bordure à la station essence de Salons de Provence, bowl de la plage du Prado, bowl de Valmante, parc public, bowl de Cassis, pool improvisé sur les calanques, descentes dans les rues de la ville, street.
Rencontres. Jean Terrisse, un ami de longue date. Nous nous sommes connus au stage de skate de Bourges, été 1987. Dominique, fils d’une famille riche d’Aix-en-Provence, propriété de 6 hectares, manoir, terrain de tennis, piscine... pool. Depuis un an et demi*** qu’il habite Aix, Jean a fait revivre le pool. Ils roulent à deux, Dominique et lui. Le pool, construit il y a environ 25 ans, n’a plus connu de grosse session depuis environ 10 ans. J’entends citer en vrac Monty Nolder, Jeff Grosso, la Bones Brigade. « Pas de vidéo, peu de photos ». Les Marseillais à qui nous parlons de notre projet de session nous regardent parfois avec alarme. Ce qu’on entend est conforme à ce qui nous est déjà arrivé aux oreilles par bribes : « c’est un gouffre », « impossible à droper », « difficile de se faire inviter », « introuvable ».
Départ de Marseille vers 18h. Aix se trouve à 1h de route. Tout ce qui pourrait contribuer à nous écarter de la possibilité d’une session ne fait que renforcer ma conviction qu’elle va avoir lieu. L’heure avance, Jean ne répond pas au téléphone, à Aix, nous rencontrons une jeune allemande qui débarque, elle attend une amie, l’amie ne viendra pas.
Piste (jeu de). Jean, enfin, d’abord par téléphone, ensuite au volant de sa deux chevaux. Rue, route nationale, chemin, grille, chemin. Il fait noir ; nous nous munissons de lampes de poche. Dominique : « salut », conversations, il fait frais, le reste du parcours se fait à pied, quelques centaines de mètres dans la verdure, entre sous-bois et prairies, « on y est ».
Lumière. A cinquante mètres de nous, trois spots halogènes placés au sommet de poteaux de bois éclairent ce que nous devinons être un trou dans le sol. J’entends parler d’hélicoptère pour sortir un blessé, d’animaux trouvés morts dans le fond du pool. Je me mets probablement à marcher plus vite. L’enthousiasme nous a gagné depuis plusieurs minutes. Certains courrent. Arrivé au pool, personne ne drope.
Territoire, reconnaissance des lieux, regards intrigués, commentaires. J’ai rarement ressenti à ce point la nécessité de parler d’un spot avant de le skater. Pour faire baisser la tension, pour oublier un peu la fatigue et la perspective du voyage de retour, pour mieux comprendre ce qui nous attend.
Identité : Mad pin bowl
Localisation : quelque part aux alentours d’Aix-en-Provence - www.nitehole.com***
Caractéristiques : profondeur = 3,80m - vert = 70cm - flat = 1,50m - coping = béton armé pourri taillé à coups de disqueuse - roll-in = étroit et raide.
Session (par ordre de naissance ***à vérifier***) : Dominique - Jean Terrisse - Michel Vanderouderaa - Pierre Jambé - Ian Dykmans - David Marteleur (blessé) - Julian Dykmans - David « brutal » ***. Témoin oculaire : Lionel ***.
Accomplissements : Fs/Bs carve, drop in, Fs grind, Fs carving grind, Fs air, Fs disaster (J. D.).
Rumeurs extraordinaires : roll in pieds nus (Jeff Grosso), Bs ollie to disaster au-dessus du canyon (Monty Nolder).
Motivations pour revenir : la session. Fs/Bs air au-dessus du canyon. N’importe quelle figure pas encore mentionnée ici.
Départ d’Aix : 23h30
Arrivée à Bruxelles : 13h
Merci mille fois : Jean, Dominique.
Texte : P.ierre jambé